Enréaction aux informations selon lesquelles un tribunal russe a condamné le militant Mikhaïl Iossilevitch à un an et huit mois de colonie pénitentiaire pour des accusations forgées de toutes pièces, à savoir coopération avec une organisation « indésirable », Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a

Six mois après la disparition à Vientiane [capitale du Laos] de Sombath Somphone, le fondateur d’une ONG créée pour aider les jeunes des milieux ruraux, le gouvernement du Laos est de plus en plus perçu comme le mouton noir par ses voisins de l’Association des nations du Sud-Est Asean. Alors que la Birmanie délaisse progressivement son passé dictatorial, le régime laotien s’enfonce peu à peu dans un autoritarisme obscurantiste. Le dernier signe de cet anachronisme date de la fin mai, lorsque les autorités du Laos ont renvoyé en Corée du Nord neuf jeunes qui avaient fui leur patrie staliniste. “Pour moi, le régime laotien est une ploutocratie qui vend aux enchères les ressources naturelles nationales au bénéfice d’un petit groupe, en se targuant d’être communiste”, explique un observateur occidental à Vientiane. La disparition de Sombath Somphone, le militant laotien le plus connu et le plus respecté, est la preuve tragique du côté sombre de ce pays. Le 15 décembre, il rentrait chez lui dans sa Jeep sur la route de Tha Deua, qui longe le Mékong à l’est de Vientiane. Il a été arrêté par un policier en uniforme puis conduit par des personnes en civil jusqu’à un pick-up, dans lequel il a été emmené. La scène a été filmée par une caméra de surveillance. Si les autorités du Laos ont reconnu que l’enquête avait été ralentie par leur manque de moyens technologiques, elles ont refusé la proposition de l’ambassade américaine, qui souhaitait les aider à identifier les personnes et les véhicules apparaissant dans la vidéo. “Le gouvernement répète la même histoire depuis le début et évoque un conflit d’affaires’”, affirme Ng Shui Maeng, l’épouse de Sombath Somphone, une ressortissante singapourienne. La police laotienne, si efficace lorsqu’il s’agit de contrecarrer des manifestants qui défendent la démocratie en 1999 notamment, ne s’est pas distinguée par sa performance dans le cadre de l’enquête sur la disparition du fondateur de l’ONG Participatory Development Training Centre Padetc. Six mois plus tard, même sa Jeep n’a pas été retrouvée. “Un pays trompeur” “Le gouvernement laotien a recours a des méthodes radicales contre les dissidents qui se trouvent sur le territoire thaïlandais. Ils recrutent des tueurs à gage pour les assassiner”, déclare Adisorn Semyaem, un spécialiste du Laos qui travaille à l’Institut des études asiatiques de l’université Chulalongkorn. On peut citer l’assassinat, en 2006, d’Anouvong et Uraiwan Setthathirath, deux ressortissants américains d’origine laotienne qui affirmaient faire partie de la famille royale du Laos. En 1999, quatre personnes qui organisaient une manifestation de défense de la démocratie à Vientiane ont été arrêtées et condamnées à dix ans de prison, mais on ne les a plus jamais revues, bien qu’elles aient achevé leur peine. “Le Laos est un pays trompeur. Nous n’avons pas la réputation de réprimer l’opposition, car la répression reste toujours invisible. Des choses se passent mais personne ne le sait”, déplore le salarié d’une ONG. La disparition de Sombath Somphone a d’autant plus surpris qu’il n’est pas un militant politique et qu’il a toujours travaillé en étroite coopération avec les autorités. Après avoir fait des études aux Etats-Unis, il est rentré dans son pays à la fin des années 1970 et a travaillé dans le domaine du développement agricole. En 1996, il a lancé l’ONG Padetc, dont l’objectif est de former des jeunes pour qu’ils puissent faire connaître leurs droits aux populations rurales. “Son but a toujours été de faire en sorte que le peuple comprenne ses droits, pas de s’opposer au gouvernement”, affirme Ng Shui Maeng. Nombreux sont ceux qui lient sa disparition au rôle de premier plan qu’il a joué en tant que co-président du comité organisateur du Forum populaire Asie-Europe AEPF, qui a eu lieu à Vientiane en octobre 2012 à l’approche de la Réunion Asie-Europe ASEM. Sombath Somphone a organisé le forum avec d’autres, en accord avec le gouvernement et avec la pleine participation des divers mouvements et fronts à la botte du régime. En revanche, un certain nombre d’“incidents” au cours de l’événement auraient provoqué la colère de hauts responsables. Sombath Somphone avait corédigé une déclaration qui résumait toutes les consultations menées avant le forum, selon laquelle la croissance économique ne suffisait pas à elle seule à résoudre tous les problèmes du Laos – une position susceptible de contredire l’objectif no 1 des dirigeants du pays une croissance économique élevée. Les autorités laotiennes ont bloqué sa distribution dans le cadre du forum. Pendant l’AEPF, des villageois de plusieurs régions sont intervenus pour expliquer que leurs terres avaient été confisquées au profit de concessionnaires – des entreprises vietnamiennes ou chinoises pour la plupart. “C’est une question des plus sensibles dans un pays où les exploitations minières et les plantations de caoutchouc se développent rapidement”, explique le directeur d’une ONG à Vientiane. Une affaire qui écorne l’image du pays Dans un Etat aussi impénétrable que le Laos, où la presse est complètement muselée par le gouvernement et où les juges sont nommés par le Parti révolutionnaire populaire lao, il est difficile d’élucider qui pourrait être responsable de la disparition de Sombath Somphone. Quelques noms circulent régulièrement ceux des enfants de membres du Politburo, une branche de la nomenklatura qui exploite le système pour s’enrichir. “Le monde politique laotien repose avant tout sur des dynasties, explique un analyste occidental à Vientiane. Elles poursuivent leur travail d’une génération à l’autre. Dix ou quinze familles se font concurrence en interne, mais de l’extérieur elles ont les mêmes intérêts.” Une chose est claire les personnes qui ont organisé la disparition de Sombath Somphone et les hauts responsables qui les ont protégés ont gravement sous-estimé la réaction de la communauté internationale. “Ils pensaient sûrement que tout rentrerait dans l’ordre rapidement, mais ce n’est pas ce qui s’est passé, affirme un délégué occidental au Laos. Plus ils attendent, plus cette affaire leur coûtera cher. Et la seule solution est de le libérer, même si cela implique de perdre la face.” La plupart des pays européens ont fait du cas de Sombath Somphone une priorité lors de toutes les réunions bilatérales, et les ministres laotiens qui viennent en Europe doivent constamment répondre de l’affaire. En Thaïlande, un grand réseau a été créé par des amis, des employés d’ONG, des journalistes et des universitaires pour participer à la recherche du disparu et continuer à faire pression sur les autorités laotiennes. A l’échelle de l’Asean, Singapour s’est jusqu’ici révélée la plus active. Même le Vietnam antidémocratique, “grand frère” du Laos depuis le coup d’Etat du Pathet Lao en décembre 1975, serait irrité par la gestion inepte et incompétente de cette affaire par Vientiane – un fiasco qui commence à nuire à sa réputation. Malgré le climat de peur engendré par cette disparition, une partie des Occidentaux qui travaillent à Vientiane estiment que ce tragique événement a aussi des impacts un peu moins négatifs. L’ampleur sans précédent de l’intérêt porté dans le monde entier à une affaire laotienne permettra sûrement de protéger d’autres personnes qui travaillent dans l’humanitaire et le développement, et qui prennent des risques pour promouvoir une société plus ouverte et plus juste. Sombath Somphone est précisément devenu un symbole de ce combat. “Les responsables de cette disparition réfléchiront maintenant à deux fois avant de recommencer”, conclut l’employé d’une ONG.
Voicitoutes les solution Militant en opposition avec une autorité politique. CodyCross est un jeu addictif développé par Fanatee. Êtes-vous à la recherche d'un plaisir sans fin dans cette application de cerveau logique passionnante? Chaque monde a plus de 20 groupes avec 5 puzzles chacun. Certains des mondes sont: la planète Terre, sous La suite est réservée aux abonnés... Accédez à tous les contenus abonnés Soutenez une rédaction indépendante Recevez le Réveil Courrier chaque matin Source de l’article Daraj BeyrouthDaraj, “Escalier”, est un site d’information alternatif né en 2017 à Beyrouth. Son équipe rédactionnelle est composée de journalistes professionnels du Liban et d’autres pays arabes. Par ses rubriques, le site tranche avec les médias arabes traditionnels, en accordant une vraie place au reportage et à l’enquête. Plusieurs de ses sujets sont aussi rares, voire inexistants, dans les autres médias de la région droits civiques, gender, libido, homosexualité, fake news… Lire la suite Les autorités de l’Azerbaïdjan doivent immédiatement réexaminer la condamnation de Tofig Yagoublou à une peine d’emprisonnement, en vue de le libérer sans délai et sans condition. Tofig Yagoublou est un prisonnier Views 168Binafame Fousheni, est actuellement derrière les barreaux. Le jeune militant de l’opposition est écroué à la prison civile de Bassar pour une affaire d’appâtâmes qui l’oppose aux autorités de Dankpen. Commerçant de son état, il est reproché au sieur Binafame de vouloir refaire son appâtâmes qui a été détruit entre temps pour besoin de l’élargissement de la route. En effet, en vue d’élargir une voie dans le canton de Namon, il a été procédé à un désencombrement qui a occasionné la casse de tous les appâtâmes y compris celui de Binafame Fousheni qui obstruaient cette voie. {loadmoduleid 210} Quand des mois passaient et que les travaux n’ont jamais démarré, presque tous les commerçants ont réaménagé leurs sites. Selon les informations c’est quand Binafame Fousheni était sur le point d’en faire autant qu’il a été interpellé par la police. Le natif de Namon est un militant du Comité d’Action pour le Renouveau, le CAR du Me Madji Yawovi Agboyibor. PlanGoing limp : choisir de s’engager face à l’autorité La remise en cause de l’acception libérale de la désobéissance civile Résister à l’arrestation : une pratique ritualisée, mais à haut risque Des sujets politiques privilégié.e.s et façonné.e.s par leur engagement militant Le privilège de pouvoir se mettre en position de vulnérabilité Going limp : un façonnage

Notes 1 Weber M., Essais sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965, p. 206-209. Je remercie Cl. Gauthier et F. Matonti pour leur lecture vigilante d’une première version de ce texte. 2 Sur cette question, voir Collovald A. et Gaïti B., Des causes qui parlent… », Politix, 16, 1991. 3 Les citations sont puisées dans les travaux de J. Ion. On se reportera principalement aux analyses de cet auteur parce qu’elles systématisent le mieux les points de vue développés par d’autres chercheurs sur les nouvelles formes d’engagement politique et sur le processus d’individuation qui les sous-tendrait, Ion J., La fin des militants ?, Paris, Éd. de l’Atelier, 1997 ; L’évolution des formes de l’engagement public », in Perrineau P. dir., L’engagement politique. Déclin ou mutation ?, op. cit.; Le modèle associatif entre l’idéal démocratique et la nostalgie des corps intermédiaires », Revue de l’économie sociale, avril 1988 ; Interventions sociales, engagements bénévoles et mobilisation des expériences personnelles », in Ion J. et Peroni M. dir., Engagement public et exposition de la personne, Paris, Éd. de l’Aube, 1997. 4 Voir Muxel A., Jeunes des années quatre-vingt-dix à la recherche d’une politique “sans étiquette” », in Perrineau P. dir., L’engagement politique, op. cit. 5 Sur tous ces points, voir Ion J., La fin des militants ?, op. cit. 6 Terrail Destins ouvriers. La fin d’une classe ?, Paris, PUF, 1990. 7 Schwartz O., Le monde privé des ouvriers. Hommes et femmes du Nord, Paris, PUF, 1990. Également Retière et Schwartz O., Où en est la classe ouvrière ? », Problèmes politiques et sociaux, 727, 1994. 8 Hassenteufel P., Pratiques représentatives et construction identitaire une approche des coordinations », Revue française de science politique, 1, 1991. 9 Voir Bévort A., La CFDT, la désyndicalisation et la tradition syndicale française », in Chazel F. dir., Action collective et mouvements sociaux, Paris, PUF, 1993. 10 Nouvelles lectures du monde ouvrier de la classe aux personnes », Genèses, 6, 1991. On reprend ici la plupart des remarques éclairantes de l’auteur concernant la critique de l’usage du processus d’individuation. 11 Voir chapitre 1. 12 Voir les textes rassemblés dans Perrineau P., L’engagement politique, op. cit. 13 Elias N., La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973. 14 On reprend ici les analyses de J. Ion qui note Ce qui est neuf ici, c’est aussi la nature des objectifs visés par l’action en public le souci de résultats l’emporte sur la volonté de la victoire. On retrouve ici une tendance forte […] ce que nous appelons l’idéalisme pragmatique, c’est-à-dire le maintien simultané des objectifs à long terme et la recherche concrète d’une efficacité sur le court ou moyen terme. Plutôt que l’expression de la puissance l’action directe, même si elle est symbolique par rapport à l’ampleur du problème considéré. Plutôt que la référence explicite obligée aux clivages politiques, le rappel des principes et des valeurs fondant l’action […]. Dans un tel jeu où le nombre ne fait plus forcément la force, les compétences techniques s’affirment comme qualité spécifique savoir négocier, disposer d’un carnet d’adresses, pouvoir mobiliser des réseaux, monter des dossiers s’avèrent comme un ensemble de ressources indispensables à la bonne efficacité du groupement » La fin des militants ?, op. cit., p. 75. 15 Et si dans le présent continue encore à exister la manière ancienne » de s’engager celle de la remise de soi totale, c’est sous la forme de persistance archaïque ou de niches » qui ont, presque naturellement, pour particularités de rassembler tous ceux qui ne peuvent et ne savent faire face au changement militants âgés que le nouveau fonctionnement a laissés en marge », sections ou groupes locaux – par exemple de partis politiques – qui subsistent à l’intérieur de groupements plus larges perpétuant de façon quasiment isolée des modalités d’inscription devenues globalement obsolètes », niches qui apparaissent comme le refuge de personnes – jeunes ou âgées – souvent isolées, en difficulté d’insertion, et plus globalement, en mal d’identité », voir Ion J., La fin des militants ?, op. cit., p. 60-61. 16 On peut déjà remarquer que tous les mots employés sont à la fois en vogue et piégés tant leur connotation actuellement laudative ou péjorative l’emporte sur la signification exacte de la réalité à laquelle ils renvoient. On peut encore noter que cette façon plus que balancée de saisir les évolutions politiques historiques est devenue une manière commune de penser chez nombre d’intellectuels et de savants même historiens dès qu’ils s’intéressent à la vie politique. Songeons à l’opposition entre nationalisme ouvert » donc généreux, tolérant et nationalisme fermé » donc xénophobe, replié sur des égoïsmes nationaux voire raciaux, communauté » et donc communautarisme, danger pour les valeurs républicaines et société » égalité, démocratie… Par exemple, Winock M., Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Paris, Seuil, 1982. 17 Sur l’importation de Weber en France, voir Pollak M., Max Weber en France. L’itinéraire d’une œuvre, Cahiers de l’IHTP, 3, juillet 1986. Ce double enjeu trouvait une expression d’ordre épistémologique dans l’invention d’une nouvelle méthode l’intervention sociologique. Pour une présentation de ces analyses, Neveu E., Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 1996. 18 Voir Touraine A., La voix et le regard, Paris, Seuil, 1978. 19 Voir Reynaud E., Le militantisme moral », in Mendras H. dir., La sagesse et le désordre, Paris, Gallimard, 1980. Il est important de préciser qu’E. Reynaud n’avançait qu’avec une extrême prudence ce qualificatif de militantisme moral » elle utilisait plutôt au début de son article la notion d’entrepreneurs moraux ». L’auteur prenait soin aussi de situer professionnellement les entrepreneurs moraux » en les trouvant chez ceux qui exercent souvent des métiers liés aux mécanismes des contrôles sociaux enseignants, éducateurs, infirmières, médecins » et qui disposaient, de par leur profession, des moyens de transcrire leurs jugements de valeur en décision de portée sociale ». Ce sont les usages scientifiques » ultérieurs qui vont reprendre le terme sans souvent s’informer sur le texte lui-même et en le détachant de toutes caractérisations sociales. Il a fait ainsi retour » dans la science politique française via un passage par les États-Unis et les sociologues américains des mobilisations qui évoquent le militant par conscience », celui qui n’aurait aucun intérêt direct dans l’engagement auquel il consent. Même autorisée par la science politique américaine, la notion mérite d’amples critiques sur lesquelles nous reviendrons plus loin. 20 Bidou C., Les aventuriers du quotidien. Essai sur les nouvelles classes moyennes, Paris, PUF, 1984. 21 Sur tous ces points voir l’introduction éclairante de la thèse de Lechien, Pratiques humanistes. Engagements militants et investissements professionnels, thèse de sociologie sous la dir. de G. Mauger, Paris, EHESS, 2002. L’auteur montre encore que le militant moral » apparaît dans un contexte d’efflorescence des associations de tous ordres et de forts débats intellectuels et scientifiques sur les classes moyennes. Elle note également que pour E. Reynaud, le militant moral » rejette la dépossession par les experts » le contexte politique et intellectuel ayant changé, le militant distancié » lui va rejeter la dépossession de la délégation. On ne peut que remarquer néanmoins les multiples emprunts non explicités faits à la définition d’E. Reynaud dans la caractérisation de l’attitude du militant distancié », hormis son attention à situer professionnellement et socialement ce type de militant. 22 J. Ion récuse ainsi, pour qualifier le militant distancié », le terme de militant moral » qu’il associe au militant classique, véritable spécialiste du devoir être » Interventions sociales, engagements bénévoles et mobilisations personnelles », art. cité, p. 81. Il précise encore que le militantisme distancié » n’exclut pas une implication intense » mais que celle-ci est mesurée », circonstanciée » et réversible ». Une telle association de mots aux significations contradictoires rend pour le moins difficile la compréhension de ce type de militantisme. 23 Par exemple est évoqué le militant » comme figure modélisée » de l’engagement en déclin et non des militants socialement et politiquement différenciés ou des pratiques sociales et politiques hétérogènes ; sont convoquées des références étymologiques des mots et non leurs usages sociaux. Il est ainsi rappelé que l’étymologie du terme militant » comporte une connotation militaire et religieuse » qui, valable pour le passé, ne peut concerner la figure du nouveau militant ». On note le même rappel dans Klandermans [B.] et Mayer [N.], Militer à l’extrême droite », in Perrineau [P.] dir., Les croisés de la société fermée. L’Europe et des extrêmes droites, Paris, Éd. de l’Aube, 2001. J. Ion poursuit Figure héroïque dont la grandeur confine à la pathologie et qui reproduit la figure du prêtre entièrement pris par son engagement » p. 31. Pathologie », le mot est déjà révélateur mais quand il est associé à la religion » lorsque celle-ci dans le débat public renvoie à fanatisme », cela devient plus qu’un jugement une condamnation. 24 Un mouvement social » est un mouvement placé au cœur des contradictions sociales. Pour parvenir à ce statut, une mobilisation doit être capable de définir clairement un adversaire social, de se donner une identité sous la forme d’un projet qui porte la vision d’une autre organisation sociale et non d’une simple revendication ponctuelle. Voir Touraine A., La voix et le regard, op. cit. 25 Ainsi avant de donner la définition pour le moins particulière du militant » citée plus haut, J. Ion précise qu’il se refuse, par souci d’objectivité, à entrer dans les débats sur la définition du militantisme. On peut noter que cette façon de faire autorise dès lors des rapprochements scientifiquement irréprochables » puisque faits en toute objectivité » entre des militantismes opposés politiquement, par exemple celui du PCF et celui du FN et ainsi de continuer à disqualifier le premier par l’évocation innocente » de l’ombre menaçante du second voir p. 101. On retrouve cette inclination, par exemple dans les analyses électorales, où l’invocation d’un gaucholepénisme » signale le passage d’électeurs de gauche à un vote frontiste. Voir Perrineau P., La dynamique du vote Le Pen le poids du gaucholepénisme », in Perrineau P. et Ysmal C. dir., Le vote de crise, Paris, Presses de Sciences Po, 1995. La formule a fait choc et connaît un certain succès autant par sa concision que par sa rencontre avec d’autres interprétations insistant sur le virage du rouge » au brun » des banlieues, alertant sur les alliances dangereuses entre les extrêmes qui rejouent le climat de crise des années 1930 et sur les problèmes posés par une immigration non intégrée ». Cependant des études plus attentives aux situations concrètes des électeurs ou des mobilisations électorales mais moins entendues lui ont apporté de sérieux démentis. Voir Mayer N., Ces Français qui votent FN, Paris, Flammarion, 1999 ; Rey H., La peur des banlieues, Paris, Presses de Sciences Po, 1996. 26 Voir l’introduction et le chapitre 1, L’engagement militant », in Ion J., La fin des militants ?, op. cit. 27 Pour une analyse de ces approches et leurs impasses, voir Collovald A. et Sawicki F., Le populaire et le politique », Politix, 13, 1991. 28 Dont l’une des formes élémentaires consiste à mesurer toutes les pratiques à l’aune des normes du groupe dominant, ce qui conduit à présenter celles des autres et notamment des plus démunis comme écart, déficit, lacune ou archaïsme. Ce qui semble précisément à l’œuvre ici. 29 Sur ce point, voir Grignon C. et Passeron Le savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, EHESS/Gallimard/Seuil, 1989. 30 Traduction du concept d’Eigen-sinn » proposé par A. Lüdtke pour penser les comportements ouvriers au travail dans les années 1890 et ceux de 1920-1930 sous le nazisme. Voir Lüdtke A., Le domaine réservé affirmation de l’autonomie ouvrière et politique chez les ouvriers d’usine en Allemagne à la fin du XIXe siècle », Le mouvement social, janvier-mars 1984. Également, du même auteur, Des ouvriers dans l’Allemagne du XXe siècle Le quotidien des dictatures, Paris, L’Harmattan, 2000. 31 Sur cette notion, voir Weber F., Le travail à côté, Paris, INRA/Éd. de l’EHESS, 1989 ; Pialoux M. et Beaud S., Crise du syndicalisme, dignité ouvrière », Politix, 14, 1991. 32 Voir Lüdtke A., La domination au quotidien », Politix, 13, 1991, p. 74. 33 Voir Hoggart R., La culture du pauvre, Paris, Minuit, 1970 ; Schwartz O., Sur le rapport des ouvriers du Nord à la politique », Politix, 13, 1991. 34 Protection morale qui s’exprime dans la résistance aux titulaires de savoirs légitimes et qui manifeste une volonté de préserver des formes collectives et solidaires de prise en charge des problèmes sociaux. Voir par exemple l’étude de Castelain sur la résistance des dockers du Havre aux politiques antialcooliques Manières de vivre, manières de boire, Paris, Imago, 1989. 35 L’ensemble des travaux de M. Pialoux abordent d’une certaine façon cette question, voir entre autres Corouge C. et Pialoux M., Chroniques Peugeot », Actes de la recherche en sciences sociales, 52/53, 54, 57, 58, 1984-1985 ; Pialoux M., Le désarroi du délégué », in Bourdieu P. dir., La misère du monde, Paris, Seuil, 1993 ; Beaud S. et Pialoux M., L’esclave et le technicien, démobilisation collective et démoralisation individuelle », Autrement, 126, janvier 1992. Sous un autre angle, Perrot M., Jeunesse de la grève, Paris, Seuil, 1984. 36 Par exemple, Retière Identités ouvrières. Histoire sociale d’un fief ouvrier breton 1909-1990, Paris, L’Harmattan, 1994. 37 Voir Pudal B., Prendre parti, Paris, Presses de Sciences Po, 1989. 38 Sur ce point, voir Matonti F., Les intellectuels et le Parti le cas français », in Dreyfus M., Groppo B., Ingerflom C., Lew R., Pennetier C., Pudal B. et Wolikow S. dir., Le siècle des communismes, op. cit. 39 Comme le montre très bien G. Noiriel, une des raisons de l’érosion des organisations communistes se trouve dans la déstructuration de cette éthique ouvrière sous l’effet de la montée du chômage et de l’effondrement de tous les lieux où s’enracinaient les valeurs collectives du groupe et non par exemple dans le caractère obsolète de leur militantisme ou de leur idéologie, voir Immigrés et prolétaires à Longwy 1880-1980, Paris, PUF, 1984 ; Les ouvriers dans la société française, XIX e-XXe siècle, Paris, Seuil, 1986. Voir également Retière La sociabilité communautaire, sanctuaire de l’identité communiste à Lanester », Politix, 13, 1991. 40 Sur les pratiques de lecture de femmes de catégories populaires dans lesquelles joue à plein cette éthique du refus de la distinction poussant à universaliser ses goûts et non à les présenter comme marque d’originalité pour mieux les justifier, voir Thiesse Le roman du quotidien, Paris, Le chemin vert, 1984 et Des plaisirs indus. Pratiques populaires de l’écriture et de la lecture », Politix, 13, 1991. L’auteur remarque ainsi que le conformisme populaire, souvent dénoncé comme instinct grégaire et impur, est sans doute avant tout une attitude de sauvegarde face à l’erreur décevante ou humiliante » p. 60. 41 Pratiques que l’on retrouve ailleurs dans par exemple les présentations de sa vie personnelle à l’œuvre dans les autobiographies. Voir Poliak C., Manières profanes de parler de soi », Genèses, 2002, à paraître. 42 On peut en trouver une indication dans les procédures extrêmement sourcilleuses de sélection des candidats aux fonctions occupées dans les organisations communistes où la qualité de la personne est la question centrale. Sur ce point, voir Pennetier C. et Pudal B., Écrire son autobiographie. Les autobiographies communistes d’institution », Genèses, 23, 1996 ; La certification scolaire communiste », Politix, 35, 1996. 43 Il faut un regard bien lointain et réducteur pour ne voir dans les revendications matérielles » des ouvriers ou des membres des catégories populaires que des revendications matérialistes et non des enjeux éthiques. Il faut aussi un regard étrangement aveugle sur les intellectuels et les catégories sociales appartenant aux classes moyennes éduquées et en ascension pour accepter de dire qu’ils ne sont intéressés que par des questions culturelles ou identitaires et non également par des biens matériels là aussi, les signes de richesse sont également des signes de distinction sociale, avec aujourd’hui une force d’autant plus grande que la valeur morale d’un individu se mesure pour partie à son aisance économique. Les analyses en termes de postmatérialisme » ne sont ainsi, à l’instar de celles qui évoquent le postpolitique » ou le postmilitantisme », que des diagnostics et pronostics normatifs sur le changement social voués à être démentis dans les faits le postmatérialisme » n’aura eu qu’une durée de vie extrêmement courte et sans doute imaginaire. Les nouvelles protestations sociales sont toutes liées à la précarisation sociale et se battent contre l’insécurité économique, voir Mathieu L., Les nouvelles formes de la contestation sociale », Regards sur l’actualité, 251, 1999. O. Fillieule a, lui, montré sur la base d’une vaste enquête quantitative, que, depuis les années 1980, les luttes à visée matérialiste salaires, emplois, social sont de très loin les plus nombreuses Stratégies de la rue, Paris, Presses de Sciences Po, 1996. 44 Sur ces points, voir Offerlé M., Illégitimité et légitimation du personnel ouvrier en France avant 1914 », Annales ESC, 4, 1984 ; Pudal B., Prendre parti, op. cit. 45 Voir Lagroye J., Change and Permanence in Political Parties », Political Studies, 3, 1989. Par exemple, J. Ion note Sa singularité au militant ancien tient à sa position au croisement de deux ensembles, celui de la communauté et celui de la société. Il se doit d’être originaire du même milieu que ceux qu’il représente et ne peut donc être porte-parole qu’à proportion qu’il représente les caractéristiques factuelles du groupe d’appartenance. Mais simultanément il ne peut être guide que parce qu’il participe par ailleurs d’un réseau beaucoup plus large essentiellement vertical qui fait accéder le premier ensemble à un destin d’un autre rang. Si le militant perd les attributs du premier ensemble, horizontal-sociabilaire, le risque pour lui est de devenir un apparatchik, bureaucrate de la cause. Mais s’il perd contact d’avec le second, vertical-national, il est renvoyé au sort commun de ses appartenances d’origine » Interventions sociales, engagements bénévoles et mobilisation des expériences personnelles », art. cité, p. 81. 46 Ce qui conduit à traiter les organisations comme des entités réifiées, Offerlé M., Les partis politiques, Paris, PUF, 1986. 47 Il suffit, par exemple, de se reporter aux travaux sur le syndicalisme des années 1970 tels ceux de D. Mothé Le métier de militant, Paris, Seuil, 1973. Là, pas d’attention aux formes d’adhésion est évoquée, sur le mode de l’évidence, l’existence de militants occasionnels ou instrumentaux par rapport à l’organisation mais insistance sur les rapports différentiels à l’idéologie qui distinguent les militants entre eux, sur les cultures politiques propres à chaque organisation syndicale et qui déterminent des types » de militants particuliers. Dès lors on peut se demander en quoi un engagement restreint » est véritablement un comportement inédit et non pas le résultat d’une attention nouvelle à cette sorte de comportement, liée, tout particulièrement, à la focalisation récente sur les individus au détriment des collectifs et encouragée par des partis pris d’analyse désinscrivant les comportements sociaux de toutes dimensions structurelles et politiques. 48 Voir par exemple M. Ostrogorski préconisant de substituer aux partis omnibus des organisations ad hoc censées autoriser le dépassement du formalisme partisan, c’est-à-dire aussi de l’abstraction et l’incompétence politiques ou R. Michels déplorant à travers la loi d’airain de l’oligarchie » les effets conjugués de la bureaucratisation et de la remise de soi. Pour une analyse des critiques savantes et politiques émises contre la professionnalisation politique, voir Damamme D., Professionnel de la politique, un métier peu avouable », in Offerlé M. dir., La profession politique, XIX e-XXe siècles, Paris, Belin, 1999. 49 Pour l’analyse d’une de ces controverses, voir Garrigou A., Le secret de l’isoloir », Actes de la recherche en sciences sociales, 71/72, 1988. Plus largement, Le vote et la vertu. Comment les Français sont devenus électeurs, Paris, Presses de Sciences Po, 1992. 50 Confondant comme l’écrit P. Veyne, les rationalisations d’aujourd’hui avec les représentations contemporaines d’hier Comment on écrit l’histoire, Paris, Seuil, 1978. 51 Sur les dangers pour l’analyse d’une représentation crisologique » du monde, voir Dobry M., Brève note sur les turpitudes de la “crisologie” que sommes-nous en droit de déduire des multiples usages du mot “crise” ? », Les Cahiers de la sécurité intérieure, 7, 1991. 52 On ne peut développer ici mais juste remarquer que cette vision et cette posture d’experts en démocratie se retrouvent ailleurs dans les analyses d’autres phénomènes critiques » et à critiquer comme l’extrême droite, le populisme, les affaires », la corruption, l’insécurité, etc. Voir notre article, Collovald A., Le populisme les usages d’une catégorie incertaine », in Dobry M. dir., Autoritarismes et fascismes en perspectives, Lisbonne, à paraître 2002 ; voir également Briquet et Garraud Ph., Juger la politique, Rennes, PUR, 2001. 53 Recours à des experts même si bien sûr ce ne sont pas les mêmes qui est généralisé à toutes les organisations et non réservé à celles qui font de l’expertise leur marque distinctive. 54 Voir par exemple le livre de discussion collective, Association, démocratie et société civile, Paris, La Découverte, 2001 rassemblant praticiens et sociologues, ou encore les différents rapports sollicités par les ministères. Sandrier, député du Cher a remis à C. Bartolone, ministre de la Ville, un rapport sur les associations de la politique de la Ville » juin 2001 où il préconise de soutenir les associations afin de mutualiser les projets ». Celui de P. Viveret, philosophe, ancien directeur de l’Observatoire de la décision publique, aujourd’hui conseiller référendaire à la Cour des comptes, rendu au secrétaire d’État à l’Économie solidaire en 2001, dans lequel il insiste sur l’obligation de reconnaître aux associations un rôle de producteur de richesses sociales ». On ne saurait mieux montrer combien l’humeur politique et intellectuelle du temps est à la valorisation des associations contre le militantisme classique ». 55 Voir par exemple les travaux de P. Rosanvallon sur l’histoire intellectuelle de la démocratie. Par exemple, La démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France, Paris, Gallimard, 2000. Ou encore Perrineau P., Les renouveaux de l’action publique », Vingtième siècle, 60, octobre-décembre 1998. 56 Sous des formes moins inattendues et plus prévisibles qu’il ne le semble. Par exemple, J. Ion note que le travail de l’agent administratif aurait finalement pour objet de constituer autrui “en personne” et plus seulement en ayant droit anonyme des dispositifs sociaux » Interventions sociales, engagements bénévoles et mobilisation des expériences personnelles », art. cité, p. 79. Il rejoint ici les propos de P. Rosanvallon et à travers lui une fraction des hommes politiques de gauche et de droite sur la nécessité de repenser la question sociale » en refondant intellectuellement et moralement l’État providence. Passant par la prise en compte de la notion de risques », elle oblige à réviser la conception ancienne de l’État social fondé sur la notion des droits acquis ». Le nouvel État providence » remettrait également en cause une machinerie de plus en plus opaque et de plus en plus bureaucratique qui brouille la perception des finalités et entraîne une crise de légitimité » voir La nouvelle question sociale. Repenser l’État providence, Paris, Seuil, 1995. 57 Voir sur ce point Gaxie D. et Offerlé M., Les militants syndicaux et associatifs au pouvoir ? Capital social collectif et carrière politique », in Birnbaum P. dir., Les élites socialistes au pouvoir, 1981-1985, Paris, PUF, 1985 ; Collovald A., La République du militant. Recrutement et filières de la carrière politique des députés », ibid. 58 Selon un processus que l’on peut repérer dans les usages politiques de la biographie ou les usages publics de la vie privée par les hommes politiques. Sur ces points, voir Collovald A., Jacques Chirac et le gaullisme, op. cit.; Le Grignou B. et Neveu E., Intimités publiques. Les dynamiques de la politique à la télévision », Revue française de science politique, 43 6, 1993. 59 Schème binaire qui, ne prédisposant pas à l’analyse des processus sociaux et historiques concrets constitutifs de la dynamique de la vie sociale, a tendance à désincarner le monde et les êtres sociaux alors même qu’il revendique pour lui-même et contre les autres, le souci de mieux prendre en compte les individus et les personnes ». Le problème très largement oublié » est que depuis la fin du XIXe siècle s’est opérée une étatisation de la société qui a profondément modifié le statut de la personne » notamment en la faisant exister comme catégorie bureaucratique. Sur l’étatisation de la société comme pénétration de l’État dans la société et processus de mise en administration », voir le numéro de Genèses, 28, 1997. Noiriel G., La tyrannie du national. Le droit d’asile en Europe 1793-1993, Paris, Calmann-Lévy, 1991. Sous un autre angle, Lacroix B., Ordre politique et ordre social », in Grawitz M. et Leca J. dir., Traité de science politique, t. 1, Paris, PUF, 1985. C’est dire que, alors même qu’ils se pensent et se posent en adversaires déclarés de la bureaucratie ou du tout État », ceux qui insistent sur la personne » ne font que reprendre à leur compte un schème de pensée administratif les faisant devenir plus ou moins à leur insu des intellectuels des petits clercs organiques » ? de l’État. 60 On ne peut trouver qu’étonnamment curieux de voir cité dans le travail de J. Ion La fin des militants ?, op. cit., l’article de P. Bourdieu sur la représentation politique qui aurait dû attirer l’attention sur la polysémie fonctionnelle » de l’activité de représentation. Seul est retenu le passage sur la délégation en quelque sorte le Bourdieu » qui critique, entre autres, les marxistes et est critiqué par eux, ce qui force » la pensée de l’auteur à entrer dans une démonstration et une critique qui ne sont pas les siennes. Mais on pourrait noter la même violence » dans les références à Elias nous y reviendrons ou à B. Pudal dont la notion d’ intellectuel d’institution » est présentée à sens unique le petit clerc » dont le sort et l’audience étaient tout attachés aux destinées des groupements » p. 77 et non comme celui qui, indissociablement, se mettait au service de l’institution. 61 Dans le texte d’E. Reynaud sur le militantisme moral » par exemple était dénoncée la dépossession exercée par les experts au nom de leur extériorité par rapport aux problèmes sociaux. Désormais, dans le texte de J. Ion mais dans d’autres également les experts ne dépossèdent plus, ce sont les autorités politiques hiérarchiques qui le font. Ils permettent au contraire au monde social de mieux s’accomplir grâce précisément à leur extraction » de tous les intérêts sociaux et politiques en cours qui valide la scientificité au nom de laquelle ils se présentent. 62 On peut ici reprendre les analyses d’E. Freidson sur la profession médicale. S’inspirant de l’ interactionnisme symbolique », il montre, contre les analyses structuro-fonctionnalistes de T. Parsons qui présentaient son essor comme lié automatiquement au progrès du savoir et de la compétence et à la nouvelle organisation du travail des sociétés industrielles urbaines exigeant le recours à des services spécialisés, que l’accession au statut de professionnel, se définissant d’abord par la capacité d’autocontrôle, représente toujours une lutte entre des groupes concurrents et constitue un processus de nature politique où l’État intervient. Freidson E., La profession médicale, Paris, Payot, 1984. 63 Selon les catégories de C. Grignon et Passeron in Le savant et le populaire, op. cit. 64 Sur cette question des modes de constitution des opinions », voir Gaxie D., Le cens caché, Paris, Seuil, 1993 et Enchantements, désenchantements, réenchantements. Les critiques profanes de la politique », in Briquet et Garraud Ph. dir., Juger la politique, Rennes, PUR, 2001 ; Bourdieu P., Culture et politique », Questions de sociologie, Paris, Minuit, 1984. 65 On peut rappeler à la suite d’A. Hirschman que le mécontentement ou la voice n’est pas synonyme de défection exit mais une des modalités d’appartenance à l’organisation, Défection, prise de parole et loyauté, Paris, Fayard, 1995. 66 Passeron Le raisonnement sociologique. L’espace non-poppérien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 1991. 67 Les études portant sur les biographies et leurs usages montrent cette possible plasticité, sous contrainte d’habitus, des identités sociales et de leurs attributs, voir Pudal B., Prendre parti, op. cit.; Collovald A., Jacques Chirac et le gaullisme, op. cit. 68 J. Ion justifie son approche formaliste » par laquelle il s’agit de s’intéresser non pas aux objectifs des groupements mais aux modalités selon lesquelles ils s’organisent pour y parvenir et la place qu’y trouvent les individus qui s’y investissent » et dans laquelle on ne trouve aucun entretien avec les militants Nous entendons par là nous démarquer d’une approche qui, soit fait du discours des agents la vérité de leurs pratiques soit cherche à ces pratiques des raisons d’ordre biographique ou sociographique inconnues des agents et que l’analyste aurait pour but de mettre à jour à leur insu » La fin des militants ?, op. cit., p. 14-15. Du coup on ne sait rien sur les significations dont les individus investissent leurs expériences ce qui ne fait que contribuer à leur désincarnation, sauf celles que leur attribue l’auteur, sans autorisation autre que celle de son propre point de vue. 69 Sur cette notion, voir Schwartz O., L’empirisme irréductible », postface à Anderson N., Le Hobo. Sociologie du sans-abri, Paris, Nathan, 1993. 70 Pour une illustration de cette auto-analyse, voir Mauger G., Enquêter en milieu populaire », Genèses, 6, 1991. C’est dire d’une autre façon encore qu’il n’y a pas d’objet d’investigation sociologique sans qu’y soit inclus le rapport que le chercheur et les autres analystes du monde social entretiennent avec lui. Il faut une conception positiviste » des sciences sociales pour ne pas tenir pour un acquis méthodologique majeur cette définition de l’ objet ». On peut, à cet égard, rappeler que même les physiciens, ces ténors des sciences dures », se sont aperçus que leur simple observation de la matière suffisait à la modifier… Ou encore que les historiens ont montré que les faits ne sont pas des phénomènes objectifs existant en dehors de leur regard mais sont le résultat de leur travail et de leur construction. 71 Sur cette nécessité de trouver la bonne distance au risque sinon de ne rien voir, Ginzburg C., À distance. Neuf essais sur le point de vue en histoire, Paris, Gallimard, 2001 ; Arasse D., On n’y voit rien. Descriptions, Paris, Denoël, 2000. 72 Mills C. W., L’imagination sociologique, Paris, Maspero, 1967. Sur l’inventivité dont doit faire preuve l’analyse sociologique, voir encore Hughes E., Le regard sociologique, Paris, Éd. de l’EHESS, 1997. 73 Rappelons que la notion de déclassement » ne concerne pas seulement le déclassement par le bas ». Il existe une mobilité sociale ascendante qui déclasse par le haut. Même si elles n’enferment pas les mêmes destins sociaux, ces deux formes de déclassement peuvent produire des dispositions critiques » aux significations pratiques différentes. Cette remarque n’est pas pur rappel méthodologique. Elle permet de critiquer amplement la notion de militant par conscience » conscience constituents importée de la science politique américaine et reprise dans certains textes sur les devenirs militants rassemblés dans la Revue française de science politique. Si l’on se reporte aux travaux d’A. Oberschall sur les conditions de possibilité d’une mobilisation, ce sont précisément des acteurs au profil social ascendant qui sont plus portés que d’autres à prendre la tête d’actions collectives et en cela ils ont une atypicité qui les distingue de ceux dont ils assurent la défense. Voir Oberschall A., Social Conflict and Social Movements, Prentice Hall, Englewood Cliffs, 1973. C’est par exemple ce qu’a pu montrer, à sa façon, B. Pudal Prendre parti, op. cit. lorsque, reconstituant les biographies des dirigeants du parti communiste, il montre que, par leur scolarité exemplaire, leurs différentes occupations professionnelles, leur souci de s’autoéduquer » et de se cultiver, ces représentants ouvriers étaient proches des fractions basses des classes moyennes et qu’à ce titre, ils étaient proches aussi de sortir » du groupe ouvrier. Leur fidélité de représentants de la classe ouvrière » s’est jouée justement dans le fait d’être retenus » subjectivement et politiquement d’une telle échappée et de toujours se considérer comme des fils du peuple ». Dès lors, pour le dire abruptement, si le militant par conscience » désigne sous un label chic un problème social et politique ancien, la notion est vide de tous les acquis de la sociologie politique et fait davantage écran qu’explication. Si l’on définit le militant par conscience » comme celui qui est extérieur aux groupes mobilisés et ne retire pas de profits directs de la cause à laquelle il se dévoue, alors cette définition ne concerne pas simplement ces intellectuels ou ces personnalités qui s’engagent dans des causes soit idéalisées » droit de l’homme, antiracisme, humanitaire soit favorables à des groupes distants d’eux culturellement et socialement sans-papiers, immigrés, chômeurs, sans-logis tout militant est un militant par conscience » puisqu’il ne ressemble jamais, socialement, culturellement, politiquement à ceux dont il plaide la défense et ne retire jamais les mêmes profits que ces derniers. Le travail de mobilisation et de représentation des autres est toujours un travail de vraisemblance » dans tous les sens du terme comme le remarque S. Maresca L’autoportrait. Six agricultrices en quête d’image, Toulouse-Le Mirail, Presses universitaires du Mirail, 1991. Il est vrai que les connotations extrêmement positives attachées à la notion de militant par conscience » ne sont jamais analysées comme telles dans les emplois qui en sont faits et qui la réservent à des engagements et des acteurs à dignité élevée ». On comprend alors les obstacles qui ne manqueraient pas de se dresser si l’on faisait remarquer que les dirigeants poujadistes étaient des militants par conscience » ou que ceux qui s’engagent sous les bannières honteuses du FN le sont également. Et pourtant… Inversement, on ne peut que s’étonner de cet a priori voulant que les intérêts sociaux soient tous d’emblée contenus dans le projet affiché par la cause puisqu’il est supposé, sans autre forme de démonstration, que les principaux bénéficiaires directs de celle-ci sont ceux dont elle proclame défendre les préoccupations. C’est oublier tout le travail de construction des intérêts sociaux qui s’opère dans la représentation politique qui en est donnée et dont la prise en charge est forcément sélective puisqu’elle s’effectue à partir et à travers les enjeux propres à ceux qui les portent sur la scène publique. Si est oubliée ici la division du travail politique et sa relative autonomie, est également occulté le fait que les premiers à retirer profit d’une cause sont ceux qui la plaident. Et pour cause pourrait-on dire puisque leur élévation sociale est tenue pour preuve évidente de leur désintéressement et de leur absence d’inclination prosaïque. 74 Sur les difficultés d’une relation d’entretien mettant en face-à-face des enquêtés et des enquêteurs fort distants socialement, voir Chamborédon H., Pavis F., Surdez M. et Willemez L., S’imposer aux imposants », Genèses, 16, 1994. 75 Sur ce point, Snow D. et Machalek R., The Sociology of Conversion », Annual Review of Sociology, 10, 1984. 76 Bourdieu P., La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979. 77 Grignon C., Automobile et ethnocentrisme de classe », Critiques sociales, 1, mai 1991. Voir le commentaire que fait sur cette question F. Weber, Nouvelles lectures du monde ouvrier », art. cité. 78 Voir entre autres Œuvrard F., Démocratisation ou élimination différée ? », Actes de la recherche en sciences sociales, 30, 1979 ; Broccolichi S., Orientations et ségrégations nouvelles dans l’enseignement secondaire », Sociétés contemporaines, 21, 1995 ; Lahire B., Tableaux de famille. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires, Paris, Gallimard/Seuil, 1995. 79 Verret M., La culture ouvrière, Saint-Sébastien-sur-Loire, ACT Éditions, 1988. 80 Sur ce point, voir Willis P., L’école des ouvriers », Actes de la recherche en sciences sociales, 24, 1978. 81 Beaud S., Scolarisation et insertion professionnelle des enfants d’ouvriers de Sochaux-Montbéliard », Le mouvement social, 175, 1996 ; Les “bacs pro”. La désouvriérisation du lycée professionnel », Actes de la recherche en sciences sociales, 114, 1996. Avec Pialoux M., Retour sur la condition ouvrière, Paris, Fayard, 1999. Également Beaud S., 80 % au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, Paris, La Découverte, 2002. 82 Pour une illustration des rapports entre décalage entre les titres et les postes et le ressentiment ou l’activisme politique, voir Chartier R., Espace social et imaginaire social. Les intellectuels frustrés au XVIIIe siècle », Annales ESC, 1982. 83 Sur ce point et sous des angles différents, voir Pinçon M., Désarrois ouvriers, Paris, L’Harmattan, 1987 ; Schwartz O., Le monde privé des ouvriers, op. cit. ; Castel R., Les métamorphoses de la question sociale. Chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995 ; Dejours C., Souffrances en France, Paris, Seuil, 1998. Sur les attitudes des jeunes sans avenir, Pialoux M., Jeunesse sans avenir et travail intérimaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 26/27, 1979 ; Mauger G. et Poliak C., La politique des bandes », Politix, 14, 1991 ; Rey H., La peur des banlieues, Paris, Presses de Sciences Po, 1996. 84 La fin des militants ?, op. cit., p. 81, Un engagement symbolisé par le post-it, détachable et mobile mise de soi à disposition, résiliable à tout moment », p. 81. 85 À lire J. Ion, il y a une sorte d’égalité démocratique devant ce qu’il entend par engagement distancié », qui concerne aussi bien les jeunes que les vieux, les ouvriers que les membres des classes moyennes déclaration affirmée plus que démontrée. Il semble alors impensable que coexistent des formes et des significations différentes de cette pratique d’investissement de soi, de part en part épargnée par les effets de déréliction sociale que l’on retrouve plutôt dans les niches ». Cette façon d’appréhender les pratiques sociales n’est pas sans rappeler les analyses sur la volatilité électorale » et ses impasses, on y reviendra. Voir Lehingue P., La “volatilité électorale”. Faux concept et vrai problème fluidité des définitions, infidélités des mesures et flottement des interprétations », Scalpel, 2/3, 1997. 86 Symbolisant par excellence la modernité et l’engagement distancié, voir La fin des militants ?, op. cit., p. 90. 87 Par exemple, transformations des relations à plaisanterie en propos racistes, jeunes diplômés dévoués à la hiérarchie d’encadrement de l’entreprise et refusant la sociabilité ouvrière, voir Beaud S. et Pialoux M., Retour sur la condition ouvrière, op. cit., chap. 10 Affaiblissement du groupe ouvrier et tensions racistes », p. 375-416. Également Bataille Ph., Le racisme au travail, Paris, La Découverte, 1997. 88 Modernisation du travail » qui s’accompagne d’une réorganisation des formes d’exercice du pouvoir, dégradation des conditions de travail, fermetures des perspectives d’avenir tant pour les vieux » que pour les jeunes » ouvriers voir Flexibilité, travail, vie en morceaux », Mouvements, 2, 1998 ; Les nouvelles formes de domination dans le travail », Actes de la recherche en sciences sociales, 115 et 116, 1996 ; Moulinié V., La passion hiérarchique. Une ethnographie du pouvoir en usine », Terrain, 21, 1993. 89 Que manifeste l’analyse du recrutement social et politique du personnel politique et gouvernemental, voir Gaxie D., Les logiques du recrutement politique », Revue française de science politique, février 1980. Du même auteur, La démocratie représentative, Paris, Montchrestien, 2000. 90 Voir les analyses de S. Beaux et de M. Pialoux in Retour sur la condition ouvrière, op. cit. Voir aussi pour un point de vue indigène » particulièrement salutaire Durand M., Grain de sable sous le capot chronique de la chaîne à Peugeot-Sochaux, Paris, La Brèche, 1990. 91 Cette facette est d’autant plus occultée que le militant ancien » est montré comme pathologique » et, partant, incapable de toute réflexion lucide. On ne peut que souligner la distance qui sépare une telle présentation du travail militant de celle que livre D. Mothé Le métier de militant, op. cit., p. 23-24 lorsqu’il insiste lui sur la clairvoyance, l’apprentissage incessant qui force à se remettre en cause continuellement ». À la date où il écrit le milieu des années 1970, on a pourtant affaire, si l’on en croit J. Ion, à des militants totaux » et non distanciés ». 92 Sur ces phénomènes de reclassement qui conduisent du gauchisme » au libéralisme », voir Mauger G., Gauchisme, contre-culture et néolibéralisme », L’identité politique, Paris, PUF-CURAPP, 1994. Pour un exemple qui s’opère a contrario puisque se maintiennent les idéaux politiques de jeunesse mais à l’écart des secteurs politiques, voir Collovald A. et Neveu E., Le néo-polar du gauchisme politique au gauchisme littéraire », Sociétés et Représentations, 11, 2001. 93 Voir Gaxie D., Économie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, 27 1, 1977. 94 Voir Neveu E., Sociologie des mouvements sociaux, op. cit., p. 9. Voir aussi Villette M., L’homme qui croyait au management, Paris, Seuil, 1988 ; L’ingénierie sociale une forme de sociabilité d’entreprise », Actes de la recherche en sciences sociales, 91/92, 1992. Tixier Transformation des pratiques syndicales et “modernisation” des organisations », in Chazel F. dir., Action collective et mouvements sociaux, op. cit. 95 Ou comme quête d’une autorisation sociale à être un intellectuel qu’aucune institution même l’école n’est prête à accorder à ceux qui ont les défauts de leur origine sociale, voir Poliak C., La vocation d’autodidacte, Paris, L’Harmattan, 1992. Pour un exemple exemplaire », Hoggart R., 33 Newport Street, Paris, EHESS/Gallimard/Seuil, 1991 voir l’introduction éclairante de C. Grignon. 96 Sur ce point, voir Le Goff Le mythe de l’entreprise, Paris, La Découverte, 1992. 97 Jusqu’au sport qui emprunte de telles techniques au militantisme. Voir le numéro de Politix sur Sport et politique », 50, 2000. 98 Pour un autre exemple, voir l’article tout à fait intéressant de O. Roueff, Bohème radicale, radicalité musicale un air de famille. La sensibilité des musiques improvisées au militantisme radical », Sociétés et Représentations, 11, 2001. 99 Ceci nous conduit à émettre une réserve envers l’analyse de J. Siméant Entrer, rester en humanitaire », art. cité. L’auteur met en avant pour expliquer l’engagement des fondateurs de MSF leur côté baroudeur » ou d’aristocrates du risque » et leur cosmopolitisme qui sont des qualités sur lesquelles eux-mêmes insistent sans s’attarder, sauf pour la rappeler, sur leur participation aux mouvements liés à l’extrême gauche. Si l’on retraduit le terme baroudeur » par possession d’un courage physique et aptitude à voyager entre plusieurs univers, alors les dames patronnesses de la fin du XIXe siècle allant visiter les pauvres perçus comme des classes dangereuses » étaient également des baroudeuses » et, avec elles, sans doute tous les représentants à un titre ou à un autre des plus démunis puisque tous affrontent la forte distance sociale, culturelle et politique qui les sépare des autres auxquels ils se dévouent. En ce sens cette disposition » n’est pas spécifique à l’engagement humanitaire mais générale à tout militantisme. De même le raisonnement semble tautologique quand l’engagement dans l’international est expliqué par le cosmopolitisme de ses membres. Si l’on peut comprendre que celui-ci, en familiarisant avec des situations étrangères et contrastées, prépare l’engagement, encore faudrait-il pour voir en lui une explication à la fois de leur entrée et de leur persistance à militer dans l’humanitaire, examiner ce qu’il en est pour tous les engagés médecins et infirmières et surtout se demander, au regard de ce que l’on sait sur les mouvements d’extrême gauche et sur le communisme, tous fortement cosmopolites » et portés aux modes d’action transnationaux », si cette caractéristique n’a pas joué avant, dans l’engagement politique antérieur et n’a pas été l’objet d’un travail politique de reformation » pour servir de support à la réorientation vers l’humanitaire. Inversement il convient de se demander si les étrangers » que les militants de MSF découvrent lors de leurs actions de terrain sont bien les autochtones et non eux-mêmes et/ou leurs coéquipiers et/ou les militants humanitaires d’autres pays. De quel international » s’agit-il lorsqu’on parle d’engagement international » ou quels autres lointains » se révèlent aux yeux des militants humanitaires quand ils aident au loin » ? Voir sur ce point les remarques de G. Devin sur le tourisme, Le tourisme des Français à l’étranger aperçus sur la mobilité internationale », Annuaire français de relations internationales, Bruxelles, Bruylant, 2001. Semble ici manquer une analyse de la situation de concurrence coopérative dans laquelle les représentants des ONG humanitaires sont inscrits et qui forment le prisme à travers lequel ils regardent les autres et conçoivent leur engagement. 100 Cette aptitude des membres des catégories sociales dominantes à dissimuler la remise de soi derrière des justifications intellectuelles et à développer une conception lettrée » de la politisation ou à tourner autour du pot » quand on leur pose des questions politiques ou existentielles comme par exemple à propos de la croyance en Dieu a été relevée par W. Labov Le parler ordinaire, Paris, Minuit, 1978. 101 Mais ils peuvent aussi être dociles, dans certaines conjonctures, à la même éthique que les membres de groupes populaires, voir par exemple Matonti F., La double désillusion. La Nouvelle Critique, une revue du PCF 1967-1980, thèse de science politique sous la dir. d’E. Pisier, Paris I, 1996 à paraître. 102 Voir Neveu E., Une société de communication ?, Paris, Montchrestien, 1994. La plupart des acteurs politiques qu’il s’agisse d’associations, de syndicats ou de cercles d’études déclarent fonctionner en réseau » et utilisent désormais ce terme comme un label avant-gardiste » certifiant le caractère inédit et innovant des répertoires d’action empruntés. 103 Sur ces points de manière différente, voir Dobry M., Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 1986 ; Sawicki F., Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997. 104 Pour un exemple de mise en œuvre du point de vue eliasien sur la question de la protection sociale, voir le travail remarquable d’A. de Swaan, Sous l’aile protectrice de l’État, Paris, PUF, 1995. 105 Il faudrait s’arrêter plus longuement sur la vogue actuelle chez nombre d’intellectuels spécialistes des problèmes de société que connaît N. Elias qui paraît de plus en plus mis au service de causes qui ne sont pas les siennes. Par exemple, le recours systématique à cet auteur pour analyser ces êtres asociaux » presque ensauvagés que sont les jeunes immigrés des banlieues » commettant des actes de violence » contraires aux normes de la société comme par exemple, mais il n’est pas le seul, dans Roché S., La société incivile, Paris, Seuil, 1996 ; Sociologie politique de l’insécurité, Paris, PUF, 1998. Outre l’appauvrissement de la pensée de N. Elias dont ces usages témoignent, le plus important à retenir est cette nécessité d’abriter des évaluations idéologiques derrière une façade savante ». L’appel de plus en plus fréquent à la sociologie et l’absence de l’histoire dans de telles stratégies sont symptomatiques du durcissement des catégories de pensée et de l’évidence que confère aux problèmes sociaux traités leur seule actualité médiatique et politique. Sur ce point, voir Collovald A., Des désordres sociaux aux violences urbaines », art. cité. Pour une analyse des controverses suscitées par les travaux de N. Elias en Allemagne, Linhardt D., Le procès fait au Procès de civilisation », Politix, 55, 2001. 106 Thomas W. I. et Znaniecki F., The Polish Peasant in Europe and America 1918-1921, New York, Dover Publications, 1958. 107 On s’éloigne ici, quelque peu, du programme d’enquête formalisé par O. Fillieule, in Propositions pour une analyse processuelle de l’engagement individuel », Revue française de science politique, op. cit. Si l’auteur note et nous nous retrouvons sur ce point qu’il faut s’inspirer du point de vue interactionniste pour analyser les carrières » des militants, il semble mésestimer à la fois chez les auteurs qu’il sollicite et dans les directives d’analyse qu’il met en avant la dimension structurelle des interactions. Ainsi les passages développés par A. Strauss auteur mis à contribution à travers son ouvrage, Miroirs et Masques sur l’aspect structurel des relations sociales disparaissent dans le texte d’O. Fillieule. Le sociologue américain signale par exemple Cette relation entre identités individuelles ou agrégées et collectives ainsi que leurs chorégraphies temporelles respectives – s’influençant réciproquement au cours du temps – induit une relation explicite entre structure et interaction » p. 13… Les interactions peuvent se produire entre les individus mais les individus représentent aussi, sociologiquement parlant, des collectivités différentes et souvent multiples qui s’expriment par les interactions… C’est ainsi que structure sociale et interactions se trouvent intimement liées et s’influencent réciproquement de nouveau au cours du temps » p. 13. Si l’on retient ces développements d’A. Strauss, cela signifie qu’il faut d’une part prendre en compte également les collectifs et les institutions avec lesquels les individus sont aussi en interactions et non les seules interactions entre les individus et d’autre part observer les échanges pratiques non voulus et non contrôlables qui s’opèrent entre ces différents acteurs individuels et collectifs. Le risque est grand, sinon, d’adopter et, à la lecture du texte d’O. Fillieule, cela semble être le cas une démarche individualiste pour analyser les individus en interrelations, ce qui est contraire à la démarche interactionniste revendiquée et ce qui produit des interprétations ou des interrogations qui posent l’acteur social sinon en sujet maître de son destin du moins en parangon de l’acteur rationnel. Quelques exemples sur lesquels nous reviendrons incidemment plus loin le groupement militant n’est pas qu’un agrégat d’individualités militantes, il est aussi une institution sociale dotée d’une histoire passée, de valeurs et de normes héritées qui, en ce sens, cadrent les expériences » des militants actuels. S’intéresser au passage à l’acte » militant, comme y insiste O. Fillieule, ressemble fortement à la recherche d’un acte inaugural qui aurait tout déclenché ou aux analyses en termes de prise de décision » qui cherchent à la fois à retrouver qui décide » ou qui gouverne » et quand s’est prise cette décision ». Sur la somme innombrable des impasses dans lesquelles s’enferrent de telles questions, juste pour mémoire, Allison G., Essence of Decision Explaining the Cuban Missile Crisis, Boston, Little Brown, 1971. 108 Il est peut-être intéressant de rappeler que, comme l’écrit P. Lehingue, dès la fin des années 50, V. O. Key, en “lançant” le concept d’électeur “responsive”, dénonçait toute représentation en termes d’électeur captif, prisonnier de la “camisole de force” sic des déterminants sociaux, et s’employait à dépeindre les électeurs flottants comme aussi instruits et aussi politisés que les votants “stables” », voir Key V. O., The Responsive Electorate Rationality in Presidential voting 1936-1960, Harvard, Harvard University Press, 1966, cité in Lehingue P., La volatilité électorale », art. cité. 109 Grunberg G., L’instabilité du comportement électoral », in Gaxie D. dir., Explication du vote, Paris, Presses de Sciences Po, 1985 ; Boy D. et Dupoirier E., L’électeur est-il stratège ? », in CEVIPOF, L’électeur en question, Paris, Presses de Sciences Po, 1990. Ou encore Lavau G., L’électeur devient-il individualiste ? », in Birnbaum P. et Leca J. dir., Sur l’individualisme. Théories et méthodes, Paris, Presses de Sciences Po, 1986. Pour une mise en perspective, Lehingue P., La volatilité électorale », art. cité. 110 Ion J., La fin des militants ?, op. cit. ; Barthélemy M., Associations un nouvel âge de la participation, Paris, Presses de Sciences Po, 2000. Cette critique des intérêts » comme principe explicatif des actions collectives rejoint la critique et le rejet du modèle d’Olson dans l’examen des sociologies des mobilisations mené dans les textes réunis dans la Revue française de science politique sur les carrières militantes ». Cette réfutation appelle plusieurs remarques. Premièrement, ruse de la raison, la réfutation se fonde sur une définition très restrictive des intérêts les seuls intérêts matériels conduisant ces auteurs à se faire plus olsonniens qu’Olson ou plus matérialistes que les économistes pour s’en détourner. Deuxièmement, on ne peut éprouver que de l’étonnement devant une telle vigilance critique alors que dans le même temps d’autres concepts et d’autres raisonnements venus de la science politique anglo-saxonne en sont épargnés on l’a vu avec le militant par conscience » mais on en trouverait d’autres comme par exemple la mobilisation du consensus », voir chapitre 1. Qu’y a-t-il alors de si intéressant et important à dénoncer l’existence d’intérêts dans les processus de mobilisation qu’il n’y a pas dans la critique d’autres analyses ? L’usage de la notion d’intérêt par certains sociologues français, notamment P. Bourdieu, que l’humeur du temps invite à réfuter a priori ? Troisièmement, il convient de rappeler qu’il peut y avoir dans des modèles explicatifs » des imaginations justes sur ce qui anime les acteurs sociaux même si le raisonnement est faux. Ce n’est qu’en voyant les sciences sociales comme des sciences exactes et non comme des sciences historiques qu’on peut croire avoir éliminé tous les présupposés qui pervertissent l’analyse en se débarrassant de notions qui ont pour handicap de trop les afficher voir sur le thème du passager clandestin », Passeron [ Le raisonnement sociologique, op. cit. ou en formalisant une directive à l’investigation comme s’il n’existait qu’une bonne méthode ou une seule grille d’analyse universellement valide. Il nous paraît préférable de ne pas jouer sur l’incompatibilité supposée entre thèses existantes ce qui a peut-être des vertus pédagogiques mais des vertus très faibles pour la recherche et de s’obliger plutôt à concilier des idées interprétatives » venues de tous horizons disciplinaires qui, du point de vue de l’enquête, méritent d’être alliées pour mieux comprendre la réalité observée. Voir sur ce point l’entretien de D. Snow in Politix, 50, 2000. 111 Sur ce point, voir Desrosières A., La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte/Syros, 1993. 112 Comme le montre par exemple N. Heinich in Du peintre à l’artiste. Artisans et académiciens à l’âge classique, Paris, Minuit, 1993 ; Façons d’être écrivain. L’identité professionnelle en régime de singularité », Revue française de sociologie, 3, 1995. Ou encore Boltanski L., Les cadres. La formation d’un groupe social, Paris, Minuit, 1982. 113 Giddens A., La constitution de la société. Éléments de la théorie de la structuration, Paris, PUF, 1987. 114 Évaluations que l’on retrouve dans les analyses du FN et des populismes menées en sociologie électorale ou par des historiens du temps présent. Les électeurs du FN ou les adeptes du populisme » auraient plus que d’autres une personnalité autoritaire », ils seraient réfractaires à la modernité, inquiets devant les changements du monde. Outre le raisonnement en boucle qui pose quelque problème, n’est jamais analysée comme telle l’image stigmatisée sous laquelle est perçu le FN et ses effets non seulement sur les électeurs mais aussi sur les interprètes de ce parti. On peut opposer à de tels constats pour formuler d’autres hypothèses et d’autres orientations de recherche des travaux qui se sont intéressés aux transitions démocratiques » et qui montrent que ceux qui ont favorisé l’installation de la démocratie » ne comptaient pas parmi les plus démocrates », bien au contraire. Voir Dobry M., Les voies incertaines de la transitologie. Choix stratégiques, séquences historiques, bifurcations et processus de Path Dependence », Revue française de science politique, 50 4/5, 2000. Pour des illustrations exemplaires de ces phénomènes, Mink G. et Szurek L’ancienne élite communiste en Europe centrale stratégies, ressources et reconstructions identitaires », Revue française de science politique, 1, 1998 ; Hadjiisky M., La démocratie par le marché le cas des pays tchèques », Politix, 47, 1999. Pour une critique des illusions explicatives auxquelles conduisent de tels impensés, Pierru E., Chômage et nazisme », article à paraître. 115 Sur l’histoire sociale comme énigme, voir Ginzburg C., Mythes, emblèmes et traces. Morphologie et histoire, Paris, Flammarion, 1989. 116 Dobry M., Sociologie des crises politiques, op. cit., p. 79-95. 117 Sur le charisme situationnel », voir Dobry M., Sociologie des crises politiques, op. cit. Pour les illustrations retenues, Kershaw I., Hitler. Essai sur le charisme en politique, Paris, Gallimard, 1991 voir aussi les 2 tomes de la biographie qu’il a consacrés au chef du nazisme; Gaïti B., De Gaulle, prophète de la Ve République, Paris, Presses de Sciences Po, 1998 ; Collovald A., Jacques Chirac et le gaullisme, op. cit.; Collovald A. et Neveu E., Les Guignols ou la caricature en abîme », Mots, 48, 1996. 118 C’est ainsi rappeler, après Durkheim, que tout n’est pas contractuel dans un contrat à moins bien sûr de définir celui-ci comme une sorte d’acte notarié ainsi que le font les hommes politiques d’aujourd’hui qui le proposent en normes de toute collaboration avec des partenaires éventuels des décisions publiques, notamment les associations », ces nouvelles forces vives de la nation ». 119 Sur ce problème de représentation politique, voir Suaud C., Le mythe de la base », Actes de la recherche en sciences sociales, 52/53, 1984. 120 Sur ce point, voir Lagroye J., Société et politique Chaban-Delmas à Bordeaux, Bordeaux, Pedone, 1973. 121 Dobry M., Sociologie des crises politiques, op. cit. 122 Voir, par exemple, Péchu C., Les générations militantes de Droit au logement », Revue française de science politique, op. cit. 123 Voir Schudson M. et King E., Le mythe de la popularité de Reagan », Politix, 37, 1997. 124 Voir Offerlé M., Descendre dans la rue de la “journée” à la “manif” », in Favre P. dir., La manifestation, Paris, Presses de Sciences Po, 1990. 125 Il faudrait également tenir compte de la position occupée par l’organisation politique dans l’espace politique ou de la conjoncture. Ainsi l’intensité des investissements militants varie suivant la proximité ou l’éloignement par rapport au pouvoir d’État être au Gouvernement ou être dans l’opposition. Elle fluctue aussi selon les moments période électorale ou préparation de Congrès. Sur ces points, voir Subileau F. et Rey H., Les militants socialistes à l’épreuve du pouvoir, Paris, Presses de Sciences Po, 1991. 126 Goffman E., La carrière morale du malade mental », Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux, Paris, Minuit, 1968. S’il développe cette analyse à propos des malades placés en hôpital psychiatrique, sa portée dépasse la seule étude des institutions totales » puisque Goffman en reprend les attendus dans ses analyses de toutes les expériences sociales, voir Goffman E., Les cadres de l’expérience, Paris, Minuit, 1991. 127 Tackett T., Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires, Paris, Albin Michel, 1997. 128 On emprunte les termes de travail sur la trajectoire des dévouements » à A. Strauss qui désigne par travail sur la trajectoire de la maladie » l’activité de soins qui se déploie dans le temps autour du malade et sur sa personne. Le terme de trajectoire fait non seulement référence à l’évolution sur le plan physiologique de la maladie de tel patient mais également toute l’organisation du travail déployée pour suivre ce cours, ainsi qu’au retentissement que ce travail et son organisation ne manquent pas d’avoir sur tous ceux qui s’y trouvent impliqués médecins, infirmières, kinésithérapeutes, techniciens en charge des machines et patients ». Voir Strauss A., La trame de la négociation sociologie qualitative et interactionnisme, textes réunis par I. Baszanger, Paris, L’Harmattan, 1992. 129 Voir Elias N., Mozart. Sociologie d’un génie, Paris, Seuil, 1991. 130 Sur la notion de calculs moraux », voir Lechien Pratiques humanistes, op. cit. 131 Sur ce point, voir Oberschall A., Social Movement. Ideologies, Interests and Identities, New Brunswick, transactions Publishers, 1993. 132 Goffman E., Les moments et leurs hommes, textes recueillis par Yves Winkin, Paris, Seuil/Minuit, 1988. 133 Ce qui signifie, soit dit en passant, que cela suppose la participation active à un certain nombre de rites et de rituels de commémoration du groupe auxquels l’ individu » ne peut se soustraire sans risque de rupture avec son réseau ». Ce sont alors les rites » propres à chacune des communautés d’appartenance qui sont à repérer. 134 Briquet La tradition en mouvement. Clientélisme et politique en Corse, Paris, Belin, 1997 et Des amitiés paradoxales. Échanges intéressés et morale du désintéressement dans les relations de clientèle », Politix, 45, 1999. Dans un autre sens, sur le don et le contre don, Weber F., L’honneur des jardiniers, Paris, Belin, 2000 ; Weber F. et Mariot N., “Honneur à notre élu”. Analyse ethnographique d’une coutume post-électorale en Dordogne », Politix, 45, 1999. 135 Bailey Les règles du jeu politique. Étude anthropologique, Paris, PUF, 1971. Voir aussi M. Mauss montrant comment le non respect des règles sociales par un individu appartenant aux sociétés traditionnelles amérindiennes peut le conduire à la mort Effet physique chez l’individu de l’idée de mort suggérée par la collectivité », Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1968. 136 Voir sur ces points F. Sawicki, Les réseaux du Parti socialiste, op. cit., p. 23. L’auteur montre, par exemple, que la conquête d’un poste électif se joue aussi en gagnant dans toute une série d’organisations différentes et disjointes de la politique syndicats, associations, chambre de commerce, entreprises publiques. Pour une illustration, voir son article L’homme politique en campagne. L’élection municipale de Dunkerque en mars 1989 », Politix, 28, 1994. 137 Sur cette question, Goffman E., Strategic Interaction, Oxford, Basil Blaxwell, 1970. 138 Quel serait ce moment inaugural qui déclencherait l’engagement ? L’acte formel d’adhésion à un groupement ? La participation à une de ses manifestations ? La première activité visible accomplie ? 139 Lagroye J., Société et politique Chaban-Delmas à Bordeaux, op. cit. 140 On ne peut ici qu’être en désaccord avec E. Agrikolianski lorsqu’il évoque à propos des droits de l’homme » ou de la lutte contre le racisme de luttes sectorielles pour mieux définir ceux qu’il observe comme des militants moraux » ou des militants par conscience » Carrières militantes et vocation à la morale les militants de la Ligue des droits de l’homme dans les années 1980 », Revue française de science politique, op. cit.. De quel secteur social s’agit-il si l’on suit M. Dobry lorsqu’il définit un secteur » comme une zone limitée d’endodéterminisme » caractérisée par la capacité à réaliser la captation des calculs de ses membres » ? Les Droits de l’homme tout comme la lutte contre le racisme sont l’objet de tels investissements diversifiés, rassemblant des acteurs individuels et collectifs allant de l’État, l’administration aux syndicats, partis politiques, entreprises, presse que l’on ne voit pas très bien quel secteur serait ici principalement en jeu. 141 Voir, par exemple, sur les phénomènes de diffusion des idéologies totalitaires via les réseaux de sociabilité préexistants, Laqueur W., Weimar, 1918-1933, Paris, Laffont, 1978. 142 D. Mc Adam par exemple montre, à propos des étudiants volontaires pour soutenir le mouvement des droits civiques aux États-Unis, combien le soutien des proches et l’investissement d’amis dans ce mouvement à la fois familiarisent avec la cause et avalisent affectivement et politiquement l’engagement dans cette cause Freedom Summer, Oxford, Oxford University Press, 1988. C’est dire alors que multipositionnalité ne signifie pas transitivité des adhésions » d’abord parce que chaque milieu social ou secteur social possède ses propres règles tacites de jeu qui sélectionnent les candidats à l’appartenance et les obligent à se conformer aux normes non écrites du lieu pour espérer y être reconnus avec quelques chances de succès ; ensuite parce qu’il existe des tabous » ou des verroux moraux chez les acteurs sociaux à une appartenance par trop éloignée de leur conception de l’acceptable et de l’inacceptable. 143 Sur la force de liens faibles, Granovetter M. S., The Strengh of Weak Ties », American Journal of Sociology, 78, 1973. Voir également M. Pollak qui montre, dans le cas du sida, que ce sont souvent des réseaux affectifs plus larges que la famille, constitués par les amis ou les amants des malades qui ont joué un rôle essentiel dans la prise en charge de la maladie Les homosexuels et le sida. Sociologie d’une épidémie, Paris, Métailié, 1988. 144 Voir ce que suggère E. Friedberg in Le pouvoir et la règle. Dynamiques de l’action organisée, Paris, Seuil, 1993. À condition de faire sauter les postes frontières qui séparent arbitrairement mobilisations et organisation pour mieux percevoir que les organisations sont des formes de mobilisations institutionnalisées. 145 Pour une présentation de la notion de régime d’action », voir Thévenot L., Le régime de familiarité », Genèses, 17, 1994. 146 Bourdieu P., La mort saisit le vif les relations entre histoire réifiée et histoire incorporée », Actes de la recherche en sciences sociales, 32/33, 1980. 147 Voir Douglas M., Ainsi pensent les institutions, Paris, Usher, 1989. 148 Thévenot L., L’action qui convient », Les formes de l’action, Paris, Raisons pratiques, 1, 1990. 149 Pour une autre forme de technicisation de l’indignation qui, elle, ne la fait pas oublier, Patouillard V., Une colère politique. L’usage du corps dans une situation exceptionnelle », Sociétés contemporaines, 31, 1998. 150 Sur le travail d’interprétation et de reformulation que suppose toute cause, Felstiner W., Abel R. et Sarat A., L’émergence et la transformation des litiges réaliser, reprocher, réclamer », Politix, 16, 1991. 151 Comme le note L. Boltanski Le discours de mobilisation politique […] peut exercer un effet d’unification symbolique en fournissant aux agents des critères d’identité, des principes explicites et officiels d’appartenance, en leur disant explicitement ce qui les rassemble, sous “quel rapport” ils ont “quelque chose en commun” de plus “essentiel” et de plus “déterminant” que ce par quoi ils se distinguent » Les cadres, op. cit., p. 257. 152 Comme l’écrit P. Berger, La conscience sociologique se meut à l’intérieur d’un cadre de référence qui nous permet de comprendre notre propre biographie comme une évolution au sein de et à travers des univers sociologiques auxquels sont liés des systèmes de signification spécifique » Comprendre la sociologie, Paris, Éd. Resma, 1973. 153 Voir le documentaire Nioro-du-Sahel, une ville sous tension », réalisé par Christian Lallier en 1999 qui suit une mission d’électrification, au Mali, menée par un CODEV fondé au milieu des années 1990. 154 On ne peut, ici, que se séparer des conclusions de J. Siméant qui ne repère des ruptures biographiques » qu’avant l’engagement des fondateurs de MSF dans l’humanitaire international Entrer, rester en humanitaire », art. cité. Et d’abord parce que dans toutes les histoires de vie de militants et sans doute de tous les acteurs sociaux, on peut découvrir des ruptures biographiques éprouvées dans l’enfance ou l’adolescence et donc préalablement à l’engagement voir par exemple les biographies de militants communistes reconstituées par B. Pudal in Prendre parti, Paris, Presses de Sciences Po, 1989. En ce sens, il est important de montrer comment elles jouent différemment selon les individus et selon leur inscription dans des milieux sociaux et politiques ; il est tout aussi important de montrer comment, chez certains, elles sont valorisées dans les explications qu’ils donnent de leur engagement alors que pour d’autres elles sont atténuées voire déniées. En quelque sorte, s’il est effectivement nécessaire de rappeler que tout récit de vie repose sur une illusion biographique » de continuité, il est tout aussi nécessaire de rappeler que d’une part celle-ci prend des formes différentes selon les individualités sociales et politiques et, d’autre part, qu’il s’agit d’une illusion bien fondée » c’est-à-dire qui appelle, de la part des individus, un travail de reconstruction et de validation rétrospective dont l’analyse s’impose également. Voir sur le premier point Peneff J., La méthode biographique, Paris, Armand Colin, 1990 et sur le second Bourdieu P., L’illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales, 62/63, 1986 ; Pollak M., La gestion de l’indicible », ibid. Très étonnamment, si l’on suit J. Siméant, une fois engagés, ces militants humanitaires » ne connaissent plus de rupture biographique » comme s’ils étaient d’emblée ajustés totalement à la cause qu’ils servent ou comme si les différentes actions qu’ils mènent sur le terrain ne les éprouvaient » plus personnellement. Une trajectoire sans histoires en quelque sorte qui appelle cependant explications ne serait-ce qu’au vu des multiples défections ou turn-over qu’enregistre ce type de militantisme voire tout militantisme dont le principal problème pratique est de lutter contre les déceptions et les démoralisations conduisant à la démobilisation de soi et de l’action collective. 155 D’une certaine façon se généraliserait à l’ensemble du militantisme actuel ce qui a été une des propensions du gauchisme soixante-huitard et des professionnels de la Révolution » sociale ou politique.

HaïtiInsécurité: Jean Ganard Joseph, militant politique de l'opposition tué à Pernier 17 Dimanche 17 mai 2020 ((rezonodwes.com))-- Le militant politique, Jean Ganard Joseph, membre de l'opposition. a été tué par balles samedi à Pernier 17 alors qu'il venait de participer à une rencontre de l'opposition. Le militant a été exécuté par des individus armés non
Issa Amro a passé une sombre semaine. Brièvement détenu le 22 juin par les forces palestiniennes, l'influent militant des droits humains apprenait moins de 48 heures plus tard la mort de son "ami" Nizar Banat aux mains de l'Autorité palestinienne dont il était aussi un Amro partageait bien des points communs avec Nizar Banat, dont la mort a provoqué une vague de colère en Cisjordanie occupée contre l'Autorité palestinienne AP, cadenassée par le président Mahmoud Abbas, 86 ans, dont le mandat devait se terminer en les deux sont originaires de Hébron, ville poudrière du sud de la Cisjordanie où vivent environ colons juifs sous haute protection militaire israélienne parmi plus de Palestiniens. Les deux hommes partageaient le même engagement pour la liberté d'expression, et ne comptaient plus les arrestations jugées leurs réseaux sociaux, ils racontaient ce que peu osent dire tout haut les interpellations mais aussi la "corruption" au sein de l'AP, et plus largement les violations des droits humains par les forces de sa dernière détention de plusieurs heures le 22 juin, après une publication sur Facebook critiquant les arrestations "politiques", Issa Amro "a pensé à son ami Nizar"."Quand ils m'ont arrêté sur des accusations infondées, je me suis dit qu'ils étaient déterminés à se débarrasser de nous", explique à l'AFP le militant, libéré en l'absence de dans le cas de Nizar Banat, sa famille accuse les forces de sécurité de l'avoir battu et "assassiné"."Je ne pense pas qu'ils prévoyaient de le tuer, je pense qu'ils ont utilisé la violence pour le faire taire", estime Issa par l'AFP à la mort du militant, la police palestinienne n'a pas souhaité commenter. L'AP a promis une enquête "transparente et professionnelle"."Peur"Dans un rapport de 2018, l'ONG Human Rights Watch HRW s'alarmait déjà des "arrestations arbitraires" menées par l'AP et estimait que "la pratique systématique de torture pourrait relever d'un crime contre l'humanité".Issa Amro dit avoir été lui-même "torturé" en 2017 lors de sa détention d'une semaine, enfermé dans une pièce minuscule où il a été frappé, empêché de voir ses avocats, menacé de voir sa "tête coupée".Aujourd'hui encore, "l'environnement n'est pas sûr pour moi", dit ce défenseur des droits humains de 41 ans, que tout le monde salue sur son passage dans la vieille ville de Hébron "J'ai peur d'être tué, mais je n'arrêterai pas"."Mahmoud Abbas est à la tête d'une dictature", accuse-t-il, ajoutant devoir "parler des prisonniers politiques de l'Autorité palestinienne, des personnalités publiques qui sont corrompues et qui oppressent leur propre peuple".Quelque 84 % des Palestiniens estiment que l'AP est corrompue, selon une enquête publiée à la mi-juin par un institut de sondage à dirigeants palestiniens ont peur "parce que ma voix porte à l'étranger, alors qu'ils veulent être la seule voix du peuple palestinien", considère M. Amro est notamment soutenu par Amnesty International, qui n'a eu de cesse ces dernières années de condamner le "harcèlement" dont il fait l'objet de la part des autorités palestiniennes mais aussi israéliennes."Contre les colonies"Car la vie d'Issa Amro ne se résume pas à dénoncer les agissements de l'AP, qui exerce des pouvoirs limités sur environ 40 % de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l'Etat engagement est né dans les années 2000 contre la colonisation israélienne -illégale au regard du droit international- à Hébron, où il a créé l'ONG "La jeunesse contre les colonies".Il a été arrêté à des dizaines de reprises, "parfois au rythme de deux fois par semaine, parfois deux fois par jour", avant d'être relâché, février 2021, il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et shekels d'amende 900 euros par un tribunal militaire israélien pour "avoir organisé et participé à des manifestations pacifiques", avance-t-il, des charges "motivées par des intérêts purement politiques", selon la justice israélienne, ces manifestations étaient "illégales" et Issa Amro s'est "opposé physiquement" à des soldats au moment son palestinienne et Israël, "j'ai peur des deux". "Mais je considère l'Autorité palestinienne comme un sous-traitant d'Israël", la première ne pouvant agir sans coordination avec le second, 124722 - Hébron Territoires palestiniens AFP - © 2021 AFP
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militant en opposition avec une autorité politique